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Les kukums bloquent un deuxième chemin forestier

10 août, 2023  par Guillaume Roy. Initiative de journalisme local


Après avoir bloqué un chemin forestier de Girardville, le regroupement Ka kanuelitak utassinuan, mené par deux kukums innues, Denyse Xavier et Diane Blacksmith, a bloqué à nouveau l’accès près du km 59 du chemin de la Domtar, dans le secteur de Mistassini. Les deux femmes attendent des renforts de Mashteuiatsh et d’autres chemins pourraient être bloqués. Elles souhaitent ainsi reprendre le pouvoir sur leur territoire familial.

« Les kukums [grand-mères] se lèvent pour protéger toutes les familles qui n’ont pas cédé leur territoire, soutient Denyse Xavier, jointe par téléphone. On veut ravoir nos territoires, qu’ils sont en train de détruire. Je n’ai jamais cédé mon territoire à personne et le Conseil de bande n’a pas à le négocier pour moi. »

Denyse Xavier souhaite négocier directement avec les gouvernements.
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Denyse Xavier estime qu’elle seule a une connaissance fine du territoire, comme ses lignes de collets ou l’emplacement des sépultures de ses ancêtres. Mais comme elle ne fait pas confiance au Conseil de bande de Mashteuiatsh, elle ne veut pas lui partager ces informations. Ainsi, le Conseil de bande ne peut pas utiliser ces informations lors des consultations pour demander des aménagements particuliers.


En fait, Denyse Xavier ne veut pas que Mashteuiatsh joue l’intermédiaire pour gérer les ressources sur le territoire, car elle veut le faire elle-même. « On veut parler directement aux gouvernements. Je n’ai jamais dit au conseil “ Va t’occuper de mon territoire ”. Je me lève pour chercher ce qui m’appartient, dit-elle, revendiquant ainsi le droit coutumier sur le territoire, ce qui inclut les redevances liées à l’exploitation des ressources naturelles. On ne pourra jamais arrêter les coupes de bois, mais on veut arrêter les coupes à blanc sur nos territoires. »

« Il faut creuser pour savoir où vont les fonds autonomes du Conseil de bande », ajoute-t-elle. C’est dans ce fonds que le Conseil verse les montants tirés de l’exploitation des ressources naturelles, et Denyse Xavier croit qu’ils sont mal gérés.

Selon cette dernière, plusieurs familles sont derrière elle et elles comptent venir revendiquer à leur tour leurs territoires familiaux, au cours des prochains jours. « Deux autobus s’en viennent nous aider avec une cinquantaine de personnes dans chaque autobus. On va barrer tous les territoires non cédés, soutient-elle. Dans deux jours, on va aller ailleurs », a-t-elle ajouté sans vouloir révéler l’endroit.

La deuxième semaine de blocage

Le 31 août dernier, le collectif Mashk Assi est venu installer un blocus sur le territoire de Denyse Xavier pour demander un moratoire sur la coupe de bois vert. Les négociations ont permis de faire sortir les machines de la forêt rapidement et dès le lundi soir, le collectif est reparti.


Denyse Xavier est toutefois restée sur son territoire, bloquant elle-même le transport de bois toute la semaine. Le dimanche 6 août, elle est allée appuyer Diane Blacksmith, avec d’autres alliés, pour bloquer le chemin forestier près de l’usine de Produits forestiers Résolu à Girardville.

En apprenant que le transport de bois avait repris sur son territoire familial, près du km 59 du chemin de la Domtar, elle est revenue pour leur bloquer le passage lundi soir. « Je laisse juste les reboiseurs passer », dit-elle.

Lundi soir, plusieurs camions de transport n’ont pas voulu s’arrêter malgré le barrage. « Les vans passaient quand même et elles auraient pu nous blesser », lance Denyse Xavier, en colère. Face à cette situation, les membres de leur collectif qui bloquaient le chemin de Girardville sont venus la rejoindre, délaissant cet autre blocus pour le moment.

Mardi, Denyse Xavier doit aller travailler à La Doré et compte sur l’aide de ses comparses pour maintenir le blocage forestier.

Des impacts pour le transport de bois

Ces blocages ont principalement un impact sur le transport de bois, souligne Louis Bouchard, porte-parole de Produits forestiers Résolu, qui souhaite éviter la confrontation. « Il y a une dispute à l’interne et on doit composer avec les dommages collatéraux, commente-t-il. On espère qu’il y aura un bon dialogue entre les bonnes personnes. »

Plusieurs forestiers en ont ras le bol de voir les opérations bloquées, notamment le transport, car ils n’ont aucun pouvoir pour changer la situation.


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